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LXXII
INTRODUCTION

qu’à deux exemplaires qui sont également dirigés chaque jour sur Paris, tandis que la fiche-brouillon initiale seule est alphabétiquement classée dans le répertoire de la maison. Elle reste là pour permettre de retrouver et de vérifier les signalements des récidivistes qui reviennent dans la même prison sous leur véritable état civil, et l’on n’a recours au répertoire central de Paris que pour la recherche anthropométrique des sujets qui semblent dissimuler leurs antécédents sous de faux noms, et que l’on n’arriverait pas à retrouver autrement.

Cette organisation répond suffisamment à l’ensemble des besoins. En effet, l’expérience faite à Lyon et à Marseille a montré tous les bénéfices que la classification anthropométrique était appelée à rendre dans ces grands centres voisins des frontières où, en dépit des arrêtés d’expulsion qui les frappent, les malfaiteurs internationaux ne cessent d’affluer. La seule précaution qu’ils prennent et que déjoue l’anthropométrie, est de changer de nom. D’où l’obligation d’entretenir dans ces villes des répertoires anthropométriques spéciaux aux fins de contrôler sur place l’identité des sujets étrangers à la localité.

Dans les villes de moindre importance, où la population criminelle fixe est connue, individuellement des autorités locales, la nécessité de l’identification anthropométrique se fait sentir plus rarement, et le répertoire central de Paris, consulté au besoin par télégraphe, suffit amplement.

En effet, si le service de Paris recherche d’office la grande généralité des sujets arrêtés à Paris, il lui est complètement impossible de procéder de même pour les 200 à 300 fiches signalétiques qui composent l’envoi quotidien et obligatoire des départements. Il faut de toute nécessité qu’une note sommaire attire l’attention sur une fiche pour qu’elle devienne l’objet d’une enquête. Dans les cas ordinaires, où il ne s’agit que de soupçons plus ou moins fondés, conçus par le personnel de la prison, il suffit pour faire rechercher anthropométriquement un signalement d’y inscrire à la plume, en avant de la rubrique des noms et prénoms, les mots : se disant… Mais pour les cas importants (comme ceux qui feraient l’objet de la part du Parquet de la ville d’une demande d’enquête auprès de la direction de la prison), il est préférable de mettre la fiche dans une enveloppe spéciale en y adjoignant un bout de rapport relatant tous les détails complémentaires que l’on pourrait réunir sur le sujet,