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Page:Bertillon - Identification anthropométrique (1893).djvu/87

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LXXVII
RÉSULTATS OBTENUS

Des documents officiels permettent de répondre péremptoirement à cette question.

L’erreur en ces matières peut revêtir deux aspects : 1° l’identification fausse ou faite à tort ; 2° l’identification manquée dont il a déjà été parlé plus haut.

La fausse identification consisterait à appareiller deux signalements qui ne correspondraient pas à la même personne ; à déclarer, par exemple, que Durand, ici présent, est le même qu’un ancien Martin, arrêté et mesuré il y a cinq ans, tandis qu’il s’agirait en réalité de deux individualités différentes. Je n’hésite pas à affirmer de la façon la plus catégorique que le signalement anthropométrique combiné avec le descriptif et le relevé des marques particulières nous met complètement à l’abri de ces méprises.

Grâce à l’indépendance absolue de ces trois éléments récognitifs, l’identité d’un individu peut être reconnue à un grand nombre d’années d’intervalle avec une certitude absolue, à tel point que les employés du service anthropométrique, quand ils découvrent le véritable nom d’un malfaiteur se dissimulant sous un faux état civil, ont la consigne d’éviter de faire connaître à ce dernier le résultat de leur recherche. Ils doivent en informer directement les magistrats compétents qui se trouvent ainsi renseignés sur la véritable identité de l’individu qu’on leur amène, à l’insu de ce dernier.

Sur près de 5.000 reconnaissances transmises jusqu’à ce jour pour ainsi dire à la muette, pas une n’a donné lieu à une confusion que, du reste, les réclamations de l’intéressé devant les magistrats instructeurs auraient immédiatement signalée.

Nous ne voulons pas dire par là que les récidivistes reconnus n’essaient pas souvent de protester contre les noms que leur retrouve l’anthropométrie ; ils protestent quelquefois des mois durant ; mais immanquablement jusqu’à ce jour, l’exactitude des identifications anthropométriques a été confirmée par les décisions ultérieures de la justice.


Les identifications manquées correspondent à un tout autre ordre de faits : sur les 100 individus arrêtés de la veille, qui chaque jour traversent les salles de l’anthropométrie, quel est le nombre de ceux qui ne sont pas dévoilés immédiatement par leur signalement, et que l’on reconnaît ultérieurement soit à l’aide des anciens procédés, soit à la suite de circonstances fortuites ? Aucun point n’est plus