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Page:Berton - Ode à Eugène Le Roy, 1927.djvu/13

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Tout nous parle de lui. On croit le voir paraître
Avec ses longs cheveux et sa barbe d’ancêtre ;
Et tous les arbres de ces bois
Gardent encor, témoins de ses allures franches,
Des lambeaux de son rêve accrochés à leurs branches,
Que le vent nous raconte avec sa grande voix.




Il est juste, ô Le Roy, qu’on célèbre ta gloire
Et que l’on commémore à jamais ta mémoire ;
Tous ces honneurs, on te les doit.
Écrivain du terroir dont tu fis ton domaine,
Nul peut-être, au labour de la pensée humaine
N’a creusé son sillon plus profond et plus droit.


Tu n’étais pas de ceux qui, pour faire figure
D’originalité, déforment la nature
Dont le visage est éternel,
Et qui, dans leurs écrits, pour faire œuvre opportune,
Prennent l’exception pour la règle commune,
Le factice pour le réel.


Jamais tu ne voulus asservir ton génie
À cette insupportable et sotte tyrannie
De l’obscur et du faux-semblant ;
Dans tes livres écrits sous la grande lumière
On retrouve toujours cette vertu première :
La clarté, sans laquelle il n’est pas de talent.