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Page:Berton - Ode à Eugène Le Roy, 1927.djvu/15

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S’il entendait la voix des choses invisibles,
Les secrets que la terre et l’arbre, aux soirs paisibles,
Se racontent tout bas, entre eux,
S’il entendait aux solitudes infinies
L’apaisante douceur des calmes harmonies
Remplissant le vide des cieux ;


S’il entendait monter des maisons opulentes
La joyeuse rumeur des gaîtés insolentes
De ceux qui sont trop bien nourris,
Il entendait aussi, de la pauvre chaumière,
Monter sinistrement la voix de la misère,
Avec ses sanglots et ses cris.


Il savait que là-bas, hélas, son frère l’homme,
Pour d’autres travaillait comme bête de somme,
Depuis le matin jusqu’au soir,
Le front toujours penché sur la terre puissante,
Jusqu’au jour où la terre, enfin compatissante,
S’entr’ouvrait pour le recevoir.


Il entendait le cri de la révolte vaine
De ce grand paria de la famille humaine…
Et ce sont toutes ces douleurs
Que Le Roy, dans un livre, avec persévérance,
Racontait à tous ceux qu’épargne la souffrance,
Afin de les rendre meilleurs.