Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1920.djvu/25

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aeterna. Cela est positif. Le diable existe. Il pérore à la chambre, il plaide au palais, il agiote à la bourse. On le grave en vignettes, on le broche en romans, on l’habille en drames. On le voit partout, comme je vous vois. C’est pour lui épiler mieux la barbe que les miroirs de poche ont été inventés. Polichinelle a manqué son ennemi et le nôtre. Oh ! que ne l’a-t-il assommé d’un coup de bâton sur la nuque !

« Je bus l’élixir de Paracelse, le soir avant de me coucher. J’eus la colique. Nulle part le diable en cornes et en queue.

« Encore un désappointement : — l’orage, cette nuit-là, mouillait jusqu’aux os la vieille cité accroupie dans le sommeil. Comment je rôdais à tâtons, n’y voyant goutte, dans les anfractuosités de Notre-Dame, c’est ce que vous expliquera un sacrilège. Il n’y a pas de serrure dont le crime n’ait la clef. — Ayez pitié de moi ! j’avais besoin d’une hostie et d’une relique. — Une clarté piqua les ténèbres, plusieurs autres se montrèrent successivement, de sorte que je distinguai bientôt quelqu’un dont la main affûtée d’un long allumoir distribuait la flamme aux chandelles du maître-autel. C’était Jacquemart qui, non moins imperturbable que de coutume