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Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1920.djvu/29

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ces lilas. Je vais m’enfermer pour écrire mon testament. Bonsoir.

— Monsieur ! »

Bah ! il était loin. Je demeurai aussi coi et penaud qu’un président à qui son greffier aurait pris une puce chevauchant sur le nez. Le manuscrit était intitulé Gaspard de la Nuit, Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot.

Le lendemain était un samedi. Personne à l’Arquebuse ; quelques juifs qui festoyaient le jour du Sabbat. Je courus par la ville m’informant de M. Gaspard de la Nuit à chaque passant. Les uns me répondaient : — « Oh ! vous plaisantez ! » — Les autres : — « Eh qu’il vous torde le cou ! » — Et tous aussitôt me plantaient là. J’abordai un vigneron de lai rue sain-felebar, nabot et bossu, qui se carrait sur sa porte en riant de mon embarras.

— « Connaissez-vous M. Gaspard de la Nuit ?

— Que lui voulez-vous, à ce garçon-là ?

— Je veux lui rendre un livre qu’il m’a prêté.

— Un grimoire !

— Comment ! un grimoire !... Enseignez-moi, je vous prie, son domicile.