Page:Bertrand - Blaise Pascal, 1891.djvu/53

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La reine désira la connaître. Une amie de la famille conduisit Jacqueline à Saint-Germain. Les princesses avaient peine à croire qu’une enfant eût pu rencontrer sans aide des vers tels que ceux-ci :

Grand Dieu, je te conjure avec affection
De prendre notre reine en ta protection.

Mademoiselle, croyant l’embarrasser, lui demanda quelques vers pour elle. Jacqueline toujours prête, écrivit, après quelques minutes de réflexion :

Muse, notre grande princesse
Te commande aujourd’hui d’exercer ton adresse
A louer sa beauté, mais il faut avouer
Qu’on ne saurait la satisfaire
Et que le seul moyen qu’on a de la louer
C’est de dire, en un mot, qu’on ne saurait le faire.

L’épreuve était décisive.

La reine, plus d’une fois, prit plaisir à revoir la charmante fille. Un tel honneur réjouissait la famille. Jacqueline simple et modeste, sans en être enivrée, ne racontait ses succès qu’à ses poupées.

Le cardinal, malgré la rareté des métaux précieux, n’épargnait rien pour embellir ses