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Page:Bertrand - Blaise Pascal, 1891.djvu/60

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Les circonstances étaient graves.

Les partisans et les traitants, par leurs exactions, avaient mérité l’exécration publique. Le poids des tailles était insupportable et les contraintes les plus rigoureuses menaçaient la vie, la liberté et les biens de tous les sujets du roi.

Les plus riches, dans chaque paroisse, devaient répondre pour tous. Le Parlement et la Cour des aides de Rouen condamnaient cette prétention. La nécessité des affaires ne permettait ni d’écouter leurs conseils ni de respecter leurs arrêts ; à tout prix, l’impôt devait rentrer.

La résistance devint rébellion. On massacra les receveurs pour piller leurs bureaux. Les turbulents balancèrent l’effort des hommes d’armes qu’on put leur opposer, et la petite armée, enivrée et accrue par le succès, osa braver l’approche des troupes royales. Le maréchal Gassion, étonné de leur audace, et sans pitié pour ces va-nu-pieds, les refoula dans Avranches, les y réduisit à merci et, avec la brutalité d’un soldat, pour ne pas encombrer les bagnes, pour brider le peuple, pour rassasier enfin sa