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brillante, dans la noirceur du drame, en l’éclairant de sa lumière. Elle est souple, elle est frivole, elle est voluptueuse, elle est femme. De toute sa personne émane je ne sais trop quel charme ensorcelant. Elle répand autour d’elle l’ivresse d’un parfum de Beauté et d’Amour. Elle aime les Arts, , elle aime surtout l’Amour. — Et je ne puis m’empêcher de comparer Fiammette à la Muse du Poète, et de médire combien elles sont semblables, l’une et l’autre.

La muse de Mendès, c’est la Délicate de Philoniéla :

Et la belle a dit : ce que j’aime ?
Je préfère aux ombres du soir
Aux senteurs de la rose même
L’ombre et les senteurs du boudoir !

Qu’autour de moi tout s’effémine !
A travers la création
J’ai des épouvantes d’hermine
De sensitive et d’alcyon…

Il faut aux lieux où je repose
Si pâle sous des rideaux bruns,
Que l’on répande un encens rose,
Qu’on m’éclaire avec des parfums.

Et pour ma toilette éternelle
Lorsque viendra le jour fatal,
Je veux un linceul de dentelle
Dans une bière de santal !

La date de la représentation de Médée restera dans l’histoire littéraire de notre époque. Car elle marque un idéal nouveau dans le théâtre en vers.