Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dieu ! laissez tout cela en repos. J’en serai si on m’en met, voilà tout. »

Il devait échouer ; cela ne manqua pas. D’Alembert, qui n’avait obtenu à l’Académie des sciences le modeste titre d’adjoint qu’à sa quatrième candidature, fut également battu trois fois à l’Académie française.

Buffon avait remplacé, en 1753, Languet de Gergy, archevêque de Sens. Quatre places furent vacantes en 1754. D’Alembert dut laisser passer avant lui le comte de Clermont, Bougainville et de Boissy.

L’élection du comte de Clermont fit scandale. On a gardé le souvenir d’une épigramme qui valut, dit-on, quelques coups de bâton au poète Roi :


Trente-neuf qu’on joint à zéro,
Si j’entends bien le numéro,
N’ont jamais pu faire quarante.
D’où je conclus, troupe savante,
Qu’ayant dans vos cadres admis
Clermont, cette masse pesante,
Ce digne cousin de Louis,
La place est encore vacante.


De Boissy, poète comique, s’était élevé jusqu’à la tragédie. La supériorité du genre était alors acceptée.

Son Alceste, tel était le sujet, se termine par la mort du traître qui, se voyant démasqué, sort d’embarras en se poignardant. Il tombe mort sur la scène, et Hercule s’écrie, admirant ce vigoureux coup de poignard :


Dieux, avec tant de force et d’intrépidité.
Que n’avait-il un cœur à la vertu porté !