Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/164

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jésuites faisait beaucoup de bruit et un peu de scandale, le ministère hésita quelque temps avant de lui accorder la pension devenue vacante, à laquelle il avait tous les droits, Frédéric, ne renonçant pas à ses projets, lui écrivait :


« Mon cher d’Alembert,

« J’ai été fâché d’apprendre les mortifications qu’on vient de vous faire essuyer, et l’injustice avec laquelle on vous prive d’une pension qui vous revenait de droit. Je me suis flatté que vous seriez assez sensible à cet affront pour ne pas vous exposer à en souffrir d’autres. »

Et quelque temps après :

« Je suis tenté quelquefois de faire des vœux pour que la persécution des élus redouble en certains pays. Je sais que ce vœu est en quelque sorte criminel. »

L’intention est claire : si la persécution chassait d’Alembert, des bras à Berlin lui seraient ouverts.

D’Alembert une seule fois eut recours à la bourse de Frédéric, dans des circonstances et sous des formes qui leur font honneur à tous deux.

La santé de d’Alembert alarmait ses amis. Mlle de Lespinasse écrivait à Condorcet :

« Venez à mon secours, monsieur, j’implore tout à la fois votre amitié et votre vertu. Notre ami M. d’Alembert est dans un état le plus alarmant ; il dépérit d’une manière effrayante et ne mange que par raison. Mais ce qui est pis que tout cela encore,