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CHAPITRE VIII

DEUX PORTRAITS

PORTRAIT DE D’ALEMBERT FAIT PAR LUI-MÊME
EN 1760


M. d’Alembert n’a rien dans sa figure de remarquable, soit en bien, soit en mal ; on prétend, car il ne peut en juger lui-même, que sa physionomie est pour l’ordinaire ironique et maligne ; à la vérité, il est très frappé du ridicule, et peut-être a quelque talent pour le saisir : ainsi il ne serait pas étonnant que l’impression qu’il en reçoit se peignît souvent sur son visage.

Sa conversation est très inégale, tantôt sérieuse, tantôt gaie, suivant l’état où son âme se trouve, assez souvent décousue, mais jamais fatigante ni pédantesque. On ne se douterait point, en le voyant, qu’il a donné à des études profondes la plus grande partie de sa vie ; la dose d’esprit qu’il met dans la conversation n’est ni assez forte ni assez abondante pour effrayer ou choquer l’amour-propre de per-