Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/66

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si j’ai fait la préface de l’Encyclopédie, ç’a été pour contribuer de mon mieux au bien de l’ouvrage ; à l’égard des deux éloges (allégués comme preuve de sa candidature), je ne les ai faits que parce que les auteurs du Mercure me les ont demandés. Je n’ai eu dans tout cela aucune vue d’intérêt et de fortune et point d’autre que de prouver qu’on peut être géomètre et avoir le sens commun.

« Êtes-vous contente à présent, madame, et me condamnerez-vous sur la parole de M. Simard, car, selon ce que l’abbé Canaye m’écrit, je vois que vous êtes fort en colère. Je lui pardonne cette démarche, parce qu’il n’a point eu envie de me désobliger ; je vous pardonne même de l’avoir cru, mais je ne vous pardonnerais pas de le croire encore. »

Il écrivait plus tard à Lagrange : « Depuis que je vous ai écrit, j’ai acquis une dignité, celle de secrétaire de l’Académie française, vacante par la mort de mon ami Duclos. Cette place n’est pas fort avantageuse, mais en récompense elle donne peu de besogne à faire, ce qui me convient fort dans l’état où je suis. Il n’en est pas de même de la place de secrétaire de notre Académie des sciences, qui vraisemblablement ne tardera pas à vaquer, et que je travaille à faire retomber à notre ami Condorcet qui la remplira merveilleusement. »

D’Alembert, élu à l’Académie française en 1755, sans jamais délaisser la science, portait depuis longtemps vers les lettres, la philosophie et les polémiques de parti la plus grande part de son activité.