Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas des nôtres. Qui sont-ils ? demanda un moine à la barbe et à la robe toutes poudreuses.

— Si ce ne sont, répondit un muletier, des alguazils du village de Cienfugos en tournée, ce sont des voleurs qu’aura envoyés à la découverte l’infernal Gil Pueblo, leur capitaine.

— Notre-Dame d’Atocha, protégez-nous ! s’écriaient les brunes Andalouses nonchalamment bercées au pas de leurs mules.

— Avez-vous entendu ce coup d’espingole qu’on a lâché là-haut parmi les broussailles ? demanda un marchand d’encre, si pauvre qu’il cheminait pieds nus. Voyez ! la fumée s’évapore dans l’air !

— Ce sont, répondit un muletier, nos gens qui battent les buissons à la ronde, et brûlent des amorces pour amuser les brigands. Senors et senorines, courage, et piquez des deux.

— Notre-Dame d’Atocha, protégez-nous ! s’écriaient les brunes Andalouses nonchalamment bercées au pas de leurs mules.

Et tous les voyageurs prirent le galop au milieu d’un nuage de poussière qu’enflammait le soleil ; les mules défilaient entre d’énormes blocs de granit, le torrent mugissait dans de bouillonnants entonnoirs, les forêts pliaient