Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/227

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III

Aucune trompette ne trouble l’écho ; aucun chant de guerre n’est répété autour de la pierre du foyer ; des lampes sont allumées dans les tentes au chevet des capitaines morts l’épée à la main.

IV

Mais voici que la pluie ruisselle sur les pavillons ; le vent qui glace la sentinelle engourdie, les hurlements des loups qui s’emparent du champ de bataille, tout annonce ce qui se passe d’étrange sur la terre et dans le ciel.

V

Toi qui reposes paisiblement au lit de la tente, souviens-toi toujours qu’il ne s’en est fallu peut-être aujourd’hui que d’un pouce de lame pour percer ton cœur.

VI

Tes compagnons d’armes, tombés avec courage au premier rang, ont acheté de leur vie la gloire et le salut de ceux qui bientôt les auront oubliés.

VII

Une sanglante bataille a été livrée ; perdue ou gagnée, tout sommeille maintenant ; mais combien de braves ne s’éveilleront plus ou ne se réveilleront demain que dans le ciel !