Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/293

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dais, génois, espagnols, allemands, anglais, arméniens, moscovites, persans, canadiens, indiens, semblaient s’être donné rendez-vous à cette célèbre foire. Il est vrai que Beaucaire par sa situation géographique était ouverte à toute espèce de commerce maritime. Le Rhône qui se jette non loin dans la Méditerranée par deux embouchures, lui assurait de nombreux arrivages, sans compter qu’on y abondait des provinces voisines, du Languedoc, du Dauphiné, de la Provence, de la Gascogne et du Roussillon.

En face des murs de la ville, qui regardent le Rhône, entre la porte Roquecourbe et la porte Beauregard, se déploie une belle prairie que l’on a nommée du nom de sainte Magdeleine. C’est là que pour loger les marchands étrangers et abriter leurs richesses, on construisait une nouvelle ville, supplément à l’ancienne. Des cabanes de toutes les formes, de toutes les dimensions s’alignaient régulièrement ; une grande rue traversait la longueur du pré ; à cette grande rue aboutissaient une infinité de ruelles et de carrefours. Ces cabanes pourtant n’occupaient pas la sixième partie du pré Sainte-Magdeleine, que la ferme louait à la communauté de Beaucaire moyennant neuf mille livres pour le temps de la foire, c’est-à-dire pour un mois environ. Malgré le prix excessif de la location , il est probable que la communauté de Beaucaire en tirait encore un énorme profit. Les marchands d’une même ville ou d’une même province