Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/300

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Chaque soir ramenait les jeux et les plaisirs que je ne fais qu’indiquer du doigt. Le 28 juillet, la foire était close avec le même appareil qu’elle avait été ouverte, avec accompagnement de fanfares, mais non plus d’acclamations. Les voitures roulaient, les chevaux galopaient sur les routes encombrées d’équipages et de piétons ; le cri de la scie et le bruit du marteau qui démolissaient les baraques retentissaient dans le pré de Sainte-Magdeleine ; les barques, en s’éloignant, lâchaient leur dernier coup de canon; heureuses si elles n’échouaient point sur les bancs de sable du Rhône, ou si elles n’étaient point attaquées, à leur entrée dans la Méditerranée, par les corsaires turcs qui les attendaient pour les capturer.

Ce dernier jour venu, les officiers de mousquetaires et de dragons, qui avaient amené à la foire la musique de leurs régiments, s’en retournaient dans leurs garnisons: plus d’aubades, plus de billets doux ambrés, plus de danses, hélas ! et les jeunes dames de Beaucaire, pâles de désespoir, faisaient leur provision de rouge pour une année.