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UNE ÉTAPE

défaite : la paresse de l’artillerie. L’autre leur en fournissait les raisons générales et vagues.

Les chasseurs se portèrent sur le côté de la route. On criait : « À droite ! à droite ! » Un convoi automobile défilait à toute vitesse, les rattrapait. Fabre et Vaissette se retournèrent en se rangeant. C’était une théorie d’autobus parisiens. Ils passaient, dans la brume, couverts de boue. On n’avait pas eu le temps de les repeindre ; ils étaient tels que quelques semaines auparavant sur les boulevards : seule, la plaque indicatrice du parcours avait été enlevée. Fabre les revit traversant au fracas de leur marche les rues et les avenues. Il se rappela les heures d’attente sous l’averse, les grosses lanternes de couleur se croisant dans les carrefours, les soirs d’hiver pluvieux de la capitale, les lumières de la place Clichy, ces deux mots « Madeleine-Bastille », la gloire des couchers de soleil sur la Seine et le Louvre, et la pompe des crépuscules faisant flamboyer l’arche immense de l’Étoile. Les autobus se perdaient au loin sur la route, s’enfonçaient dans le bois.

« Paris !… Paris ! » pensait Lucien.

Cependant la colonne marchait toujours.