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Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/133

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« MORITURI TE SALUTANT »

auparavant. Ils s’assirent sur un de ces troncs que la mousse entourait déjà.

— Vaissette, dit Fabre, le commandant vient de recevoir les plis de la division. Nous faisons ici une halte de deux heures. Je dois vous annoncer d’abord que vous êtes nommé sous-lieutenant.

— Oh ! mon lieutenant ! répondit Vaissette.

Il ne trouva pas d’autre mot. Mais il rougit de plaisir.

— Ne me dites plus : mon lieutenant, répondit Fabre. Nous voici camarades après avoir été amis. C’est ainsi que se passent les choses dans l’armée : tout y est à l’inverse de ce qui se passe dans la vie et tout paraît y être un défi au bon sens.

— Pas tout, protesta Vaissette.

— Vous voilà déjà militariste, fit Fabre, parce que vous avez un galon d’officier. Pas tout, évidemment, puisque vous êtes promu. Aussi bien, ce que je disais n’était qu’une boutade.

— Le défi au bon sens est une apparence, assura Vaissette, à commencer par notre raison d’être. Que doit-on penser de nous dans