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Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/164

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L’APPEL DU SOL

Bégou, il y avait eu un accent de supplication et de foi.

— Si seulement on avait suffisamment de munitions, dit le sous-officier.

— Ah ! on en manque ? demanda Bégou avec angoisse.

— Ce n’est pas qu’on en manque, déclara l’artilleur. Mais il n’y en a jamais assez.

L’aube parut. Une lumière blafarde buvant la nuit et très bas, vers l’orient, dans le brouillard, un soleil pâle.

L’air parut éclater. Comme s’il y avait eu une entente entre les adversaires, les canons allemands, là-bas par delà les crêtes, et les canons français, ici dans la clairière, venaient d’envoyer une rafale, pour saluer, semblait-il, le lever du jour. Puis, le silence absolu et la paix des matinées d’automne.

De Quéré se tenait avec Fabre à la lisière du bois. Ils observaient en face, sur la hauteur, les positions ennemies, qu’envahissait la clarté de l’aurore. Plus bas, dans un ravin, la première division du bataillon attendait l’ordre d’attaque. Un officier d’artillerie les rejoignit. Il expliqua :