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Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/22

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L’APPEL DU SOL

— C’est que, dit le sergent, nous nous sommes fait de ce cataclysme une idée certainement exagérée. Il en est toujours ainsi : l’appréhension ou le désir d’un événement en émoussent par avance la terreur ou la joie.

Il chancela, ayant trébuché contre un sac fauve, qui avait fait partie d’un équipement allemand. Il s’ensuivit un grand tintamarre de son bidon, de son quart et de son fusil. Car Vaissette portait ces objets militaires sans aucune grâce ; son béret lui descendait jusqu’au front et sa musette cachou battait presque ses talons.

Il pensa tout haut :

— Les Allemands se retirent.

Et, revenant à son idée, il ajouta :

— Autrefois, c’est le baptême du feu qui impressionnait les recrues. Il leur est indifférent aujourd’hui. C’est qu’on les baptise à coups d’obus et non pas à coups de boulets. Le danger est pire, mais moins visible, car les canons ennemis sont plus éloignés. Les hommes, qui ignorent le péril, ne le redoutent point. Souhaitons qu’ils n’aient pas plus peur quand ils le connaîtront. Mais, peut-être, à mesure