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Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/246

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L’APPEL DU SOL

du reste choyés et bien soignés. C’est ainsi que Lucien Fabre y arriva un soir et qu’il connut Marguerite Courtois.

Sa blessure se cicatrisait. Il ne pouvait encore remuer le bras, mais il pouvait sortir. Cette visite à Marguerite il l’avait reculée, car il sentait qu’elle serait une chose grave dans sa vie. Il s’était borné jusqu’à présent à échanger des paroles assez banales avec la jeune femme. Mais il était ébloui par sa belle lumière. Elle l’avait pansé, et il se rappelait, quand elle se penchait vers lui, l’odeur chaude de son parfum d’ambre et de sa chair épanouie.

Lucien Fabre sortit de l’hôpital. La lumière d’abord l’étourdit. Il était ému à se sentir revivre. Il aspirait l’air tiède à pleins poumons. Il lui semblait, libéré de la mort, voir pour la première fois toutes les belles choses qui l’entouraient. Il suivait la route qu’on lui avait indiquée et qui menait à la propriété de madame Courtois. À droite, la rivière coulait, perdue dans son lit de cailloux blancs : un peu de brume montait de l’eau. Sous le rayonnement solaire la montagne se découpait, aride,