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L’APPEL DU SOL

Et puis, ce fut épouvantable.

Deux nouveaux percutants venaient d’éclater dans l’intervalle des sections. En même temps, trois déchirements secs, précis : et les shrapnells et les éclats tombèrent du ciel.

— Couchez-vous ! cria le sous-lieutenant Fabre.

Tous les hommes s’allongèrent immédiatement. Ils restaient immobiles, collés les uns contre les autres, la face contre terre. Ils semblaient rigides. Les détonations bourdonnaient partout, à droite, à gauche, devant, derrière. Par moments, on entendait un cri. Mais pas un homme ne bougeait, comme si le moindre geste eût été un signe fait à la puissance de mort.

On avait soif ; on avait la gorge serrée ; personne ne parlait. Les hommes ne savaient même pas ce qu’ils ressentaient. Ils tâchaient seulement d’habituer leur oreille à distinguer l’endroit où éclaterait l’engin. Un ou deux malheureux atteints par quelque éclat s’étaient levés, hurlant, pour s’éloigner. Ils avaient été recouchés à jamais par l’averse de fer. Cela avait servi de leçon. On ne remuait plus. Cer-