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Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/313

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L’ASSAUT

— Qui de nous deux y arrivera le premier ? lui cria Vaissette.

Ils parièrent une bouteille de champagne, comme s’il se fût agi d’un exercice de gymnastique.

Plus que vingt minutes… Vingt minutes encore pour voir le soleil qui déchirait les nuages, pour se remuer, pour entendre la vie et les explosions. Les brancardiers étaient arrivés dans le boyau de communication. Cela fit frémir les hommes. Ils avaient mis d’instinct leur baïonnette au canon. Ils étaient plus calmes. On sentait qu’un grand souffle avait passé sur tous.

Il était temps. Lucien serra la main de Vaissette. Ils osèrent se regarder : on n’échange pas deux fois dans une vie de pareils regards. Il quitta son ami pour se porter en tête de la première section.

Les chasseurs étaient correctement alignés, dans la tranchée.

— Qu’ils sont beaux ! murmura l’officier.

Rien que le gradin à monter, et l’on serait sur le glacis. La rage de notre artillerie tournait à la démence. L’air tremblait. L’atmosphère éclatait.