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LA MORT D’UN SOLDAT

quatre cents mètres… Faites passer… Feu par salves !…

Le commandement circula comme un bourdonnement d’insectes.

— Joue… Feu !

On n’avait entendu qu’une seule détonation. Les hommes avaient repris toute leur confiance. Ils étaient commandés. Ils se donnaient tout entiers, à cette minute, corps et âme, au chef.

— Joue… Feu !

Tous les tirailleurs avaient été fauchés.

Un temps d’arrêt. Une nouvelle vague déferla. C’était terrible. Six fois de suite ils recommencèrent. Six fois de suite ils furent arrêtés dans leur élan.

Mais leur tir et celui de leurs mitrailleuses faisaient des vides autour de Serre. Son sergent agonisait, le crâne ouvert. Le sang inondait sa face, se coagulait dans ses cheveux. De minute, en minute, il gémissait : « Maman… maman… » Un homme, à côté de lui, hurlait, le genou fracassé par une balle.

— Tu n’as rien, lui dit un chasseur, tais-toi. Tu nous empêches de viser.

L’officier n’avait plus conscience de rien. Il