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LA MORT D’UN SOLDAT

— Rappelez-vous, dit-il, que votre devoir, au fond, est toujours aussi élémentaire. On ne doit reculer que sur un ordre. Sinon, on reste. Nous ne sommes jamais maîtres de juger que la situation nous commande de nous retirer.

» Sinon, conclut-il en s’en allant, ce serait trop facile.

Il se retourna encore une fois, insoucieux du bourdonnement des balles. Et montrant l’étendue, de son bâton ferré :

— Vous savez dit-il, vous aurez beaucoup à faire…

Fabre lui répondit par un signe de tête : il était tout entier à sa section qui décimait les assaillants.

Nicolaï descendit hâtivement par un chemin encaissé vers le village. Depuis quelques secondes, il n’entendait plus les feux de Serre. Il s’inquiétait. Il se mit à courir. Mais il rencontra l’agent de liaison.

— L’officier vous envoie dire qu’il n’a plus que vingt hommes, mon capitaine.

En effet, Serre, tout seul, ses sergents hors de combat, presque tous ses chasseurs tués, le bras percé d’une balle et saignant, prenait