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LA MORT D’UN SOLDAT

fuient sur l’autre rive, et Vaissette, tout seul, qui accompagne leur course de ses coups de feu et de ses cris.

D’eux-mêmes, les chasseurs sont venus se rassembler autour du sous-lieutenant : une vingtaine tout au plus.

— S’ils reviennent, que ferons-nous ? se dit Fabre.

Il n’a point d’autre pensée. La petite troupe a regagné la crête. Les obus pleuvent toujours. Une demi-heure s’écoule. Le jeune homme n’a pas quitté des yeux l’horizon. Il n’a qu’une idée, qui l’obsède.

— Mais ils n’auraient qu’à revenir, dit-il à Vaissette.

— Ils ne reviendront pas, répond Vaissette ; car nous avons gagné la bataille !

— Cela ne veut rien dire, fait l’officier. Nous sommes trente. Une compagnie aurait raison de nous.

Les Allemands, en effet, n’ont plus attaqué. Par delà le ruisseau, Fabre les voyait creuser la terre, se retrancher.

Un cycliste arrive, essoufflé, rouge, couvert de poussière.