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SUR LES TOMBES DU CIMETIÈRE
nouvelles salves de l’artillerie, des fantassins étaient venus les relever. C’était un régiment de réserve débarqué depuis quelques heures, et jeté immédiatement dans la fournaise. Les chasseurs étaient partis en arrière. Toute la journée des isolés, des malades, des agents de liaison, des blessés peu atteints, les hommes du train de combat, la section hors rang, avaient rallié le groupe. On s’étonnait de voir qu’il y eût encore des vivants. Et même on s’étonnait qu’il y en eût de si nombreux. Ce qui frappait ce n’étaient point les absents mais les présents : tant en quelques heures l’anormal était devenu la règle et tant la mort apparaissait désormais comme la conséquence naturelle de l’existence sur la ligne de feu. En attendant on allait passer la nuit dans les granges que le corps médical n’avait point mobilisées pour y loger ses blessés.

Dès le lendemain on pourrait reformer les compagnies.

Avec le crépuscule s’était éteint le bruit de la canonnade.

— Voilà une journée nouvelle de passée, déclara Vaissette avec soulagement.