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ET SES TRAVAUX

saient de beaucoup les ressources qui lui restaient : Tycho, insouciant de ses intérêts et peu attentif à ses affaires, avait mêlé sans compter ses propres richesses à l’abondance des bienfaits du roi, et vendu peu à peu son patrimoine pour l’absorber dans le trésor commun ; il était donc menacé d’une ruine complète ; cependant, plein de dignité dans sa douleur et s’enveloppant dans un profond silence, il fit immédiatement ses préparatifs de départ. Protégé par sa renommée et comme un roi chassé de ses États, il se tenait pour assuré de trouver partout un asile et une honorable hospitalité. Ses misères étaient d’ailleurs des misères de grand seigneur ; il équipa un vaisseau pour lui et les siens, et, s’embarquant avec sa femme, ses neuf enfants et quelques disciples dévoués, il quitta pour toujours ce temple de l’astronomie où il ne lui était plus permis de finir ses jours ; il se rendit chez son ami le comte de Rantzau, gouverneur du Holstein, emportant avec lui sa consolation et sa gloire, je veux dire les précieux instruments et les manuscrits