Page:Bertrand - Les Fondateurs de l astronomie moderne, 1865.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
170
KÉPLER

caressa, jusqu’au dernier jour, l’imprudente ambition d’un maître « qui voulait, dit Schiller, faire prévaloir sa volonté jusque dans le ciel. »

Képler ne craignit pas d’affronter dans sa faiblesse le ressentiment de l’homme tout-puissant qui avait imposé ses lois à l’empereur lui-même : il réclama avec insistance le payement de la somme stipulée dans le décret impérial ; mais il épuisa en vain ses forces dans les nombreux voyages qu’entraînaient ses incessantes démarches, et il mourut à Ratisbonne, le 15 novembre 1630, à l’âge de cinquante-neuf ans.

Par la réunion des qualités les plus opposées, Képler occupe dans l’histoire de la science une place tout exceptionnelle. En montrant, dès ses premiers pas dans l’étude de l’astronomie, le présomptueux espoir de déchiffrer l’énigme de la nature et de s’élever par le pur raisonnement à la connaissance des vues esthétiques du Créateur, il sembla d’abord s’égarer avec une audace insensée, et sans trouver fond ni rives, sur cette mer si vaste