Page:Bertrand - Sanguis martyrum, 1918.djvu/65

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couraient vers la grande porte du jardin. Cécilius, ayant prêté l’oreille, se leva précipitamment :

« C’est elle ! dit-il. Elle arrive de Muguas à l’improviste. Que se passe-t-il là-bas ? »

Au bout de l’allée du xyste, Cyprien vit surgir un cavalier sur un superbe cheval noir, qui encensait à chaque pas :

« Birzil ! Birzil ! » cria Cécilius.

Il avait abandonné son hôte pour s’élancer au-devant de la jeune fille.

C’était elle, en effet, vêtue, comme toujours quand elle montait à cheval, de vêtements masculins. Tandis que, prestement, elle glissait de la selle, un palefrenier nègre, qui l’escortait, tenait la bride de l’animal. Elle portait des bottes de cuir rouge broché d’or, une culotte de soie verte rehaussée d’une bande blanche, et, flottant sur sa casaque lacée de blanc, une courte chlamyde. Agrémentée par derrière d’une plume de coq, la casquette ronde des coureurs du cirque coiffait belliqueusement sa petite tête enfantine.

Légère, effleurant à peine le sol du bout de ses chaussures de cuir souple, elle se jeta dans les bras de Cécilius.

L’évêque détourna la tête : il comprenait maintenant pourquoi son ami ne voulait pas mourir.