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DEUXIÈME PARTIE

I

LE COIN DU PHILOSOPHE

Julius Martialis, triumvir de Cirta, possédait, sur la route de Sitifis, un vaste domaine avec une maison des champs. Cette maison se trouvait sur le territoire de Muguas, où Cécilius avait, lui aussi, une villa. Une clôture continue environnait les jardins et les dépendances, véritable muraille de forteresse, avec ses saillants turriformes, que hérissaient des créneaux en manière de triangle renversé. Devant l’entrée principale, haute comme la porte d’une ville, Cécilius fit arrêter sa litière, puis, en étant descendu, il renvoya ses gens.

À peine avait-il franchi le seuil, qu’un chien énorme, un dogue au poil ras et aux courtes oreilles, se précipita contre lui en tirant sur sa chaîne et en hachant l’air de ses aboiements enragés. Pour cet animal redoutable, le Cave canem inscrit en mosaïque devant la loge du portier n’était que trop justifié. Celui-ci, de l’intérieur de sa maisonnette, gémissait d’une voix molle :

« Paix, Fidèle ! Paix !… »

Mais le chien redoublait de fureur. Le vacarme devint tel que Julius Martialis lui-même, homme vieux et