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le Prophète rencontrait l’aveugle, il le traitait avec un grand respect, disant ; « Il est le bienvenu, cet homme à l’occasion duquel mon Dieu m’a réprimandé » ; et il le fit deux fois gouverneur de Médine.

Tel était le Prophète de l’Arabie, ce grand homme qui prononçait une parole de blâme contre lui-même aussi bien qu’il grondait ses disciples. Tel était Mahomet le Prophète.

Mais les persécutions deviennent de plus en plus terribles, si bien que, finalement, les disciples fuient dans toutes les directions, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un avec le Prophète qui, lui, ne veut pas fuir — et, son oncle, le noble Abû Talib, qui ne s’est jamais joint à lui. Celui-ci vient trouver le Prophète et lui dit : « Ô fils de mon frère, laisse-là ton œuvre, abandonne cette cause désespérée. » — « Non, mon oncle, dit le Prophète ; quand les ennemis mettraient le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche pour me forcer à renoncer à mon œuvre, je ne m’en désisterais quand même pas avant que Dieu ne manifeste sa volonté ou que je ne périsse dans l’entreprise. » Et alors, le cœur humain en lui étant brisé de voir son oncle, son protecteur, celui qu’il aimait se détourner