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dévotion, d’hommage, toujours entièrement dirigé vers l’Un, quel que soit l’aspect sous lequel cet Un est entrevu. « Une feuille, une fleur, de l’eau, un fruit[1] », offerts avec un cœur pur, une dévotion sincère, sont acceptés par Shrî Krishna lui-même, comme si on les lui offrait personnellement. Car « ceux même, qui, pleins de foi, adorent d’autres Dieux, m’adorent, ô fils de Kûntî, bien que cela soit contraire à l’ancienne règle[2] », à plus forte raison, pour ceux qui adorent les dieux inférieurs conformément à l’ancienne règle. Et pourquoi pas, d’ailleurs, puisqu’il n’existe rien « de mobile ou d’immobile qui puisse subsister dépouillé de moi[3] » et puisque, par suite, le Seigneur est dans la pierre ou dans l’arbre et c’est lui qu’on y adore, non la simple forme extérieure ?

C’est ainsi que, pas à pas, le fidèle est conduit dans son ascension, comme par la main d’une tendre mère. Et si vous désirez saisir en une seule scène la nécessité de cette limitation, reportez-vous au onzième chapitre du Bhagavad Gîta, où Arjûna, ne sachant pas ce

  1. Bhagavad Gîta, IX, 26.
  2. Ibid., IX, 23.
  3. Ibid., 10, 39.