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PRÉFACE. vii


Le lecteur inexpérimenté, dont le regard est frappé à la fois par deux formes différentes du même mot, ne sait plus, le dictionnaire une fois fermé, laquelle est la vraie. Il contracte ainsi une orthographe vicieuse dont il a grand’peine ensuite à se corriger. Heureux encore si, à ce prix, il obtenait quelque avantage ! Mais il n’en est rien. Prenez au hasard quelques mots dans de ces dictionnaires qui se piquent de donner la prononciation exacte ; soient, par exemple, ambassadeur, américain, amoindrissement, bagher, captatoire, carrossable, déguerpissement, ichnographie, immersif, sauteur, soldatesque. Essayez de les articuler d’après la prononciation indiquée : anbaçadeur, amérikin, amoaindrissman, bagher, kaptatoar, karoçable, dégherpissman, iknografi, immèrcif, çôteur, çoldateske. Il est probable que le résultat sera directement opposé à celui qu’on s’est proposé d’atteindre.

C’est afin d’épargner ces embarras à nos lecteurs que nous avons suivi, en l’étendant à un plus grand nombre de mots, la méthode de prononciation du Dictionnaire de l’Académie. Toutes les fois que le mot se prononce à peu près comme il s’écrit, nous nous en remettons au bon sens et à l’usage, les meilleurs guides en ce cas ; et lorsqu’il y a trop d’écart entre l’orthographe et la prononciation, nous ne donnons que le son exact de la syllabe ou des syllabes sur lesquelles porte la difficulté.

Le domaine du dictionnaire et celui de la grammaire se touchent par bien des points. L’analyse des éléments du langage mène inévitablement à l’étude des rapports qui lient ces éléments entre eux. De là les fréquentes excursions des lexicographes sur les terres du grammairien. Nous avons donc, à la rencontre, signalé les règles essentielles de la syntaxe et de l’accord, mais sans entrer dans aucune discussion. Les meilleures théories grammaticales ne valent pas un exemple bien choisi d’un bon auteur, et la règle se grave mieux dans l’esprit quand elle y entre avec une grande pensée ou un beau vers.

Nous donnons ci-après un tableau complet de la conjugaison qui épargnera la peine de recourir à la grammaire quand le verbe présentera quelque difficulté ou que la mémoire fera défaut au lecteur. Enfin, nous avons, dans le corps même du Dictionnaire, indiqué le pluriel des substantifs composés ou tirés des langues étrangères, lorsqu’ils s’écartent de la règle générale.

Est-il besoin d’ajouter que tout ce qui pouvait blesser la pudeur ou les croyances religieuses a été soigneusement éliminé d’un livre spécialement destiné à la jeunesse ?

En terminant ces quelques lignes de préface, nous devons rendre justice au savant lexicographe qui, après avoir partagé avec nous le travail de recherche et de rédaction d’où ce livre est sorti, s’est modestement effacé pour nous en laisser l’honneur. M. W. de Suckau, qui s’est fait depuis longtemps une solide réputation dans des travaux du même genre, a déployé dans cette collaboration un zèle et une ardeur que n’ont pu ralentir les fatigues ni les années. Qu’il reçoive ici, pour l’aide qu’il nous a prêtée, nos bien vifs remercîments !

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