Aller au contenu

Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
le débutant

Jacques Vaillant descendit au rez-de-chaussée et fit fermer les doubles portes donnant sur la rue, en même temps Paul Mirot téléphonait au bureau central de la police, pour demander du secours.

Les Paladins de la Province de Québec, au nombre de trois ou quatre cents, se massèrent devant les bureaux du journal et firent un tapage indescriptible. Au milieu des hurlements de cette foule délirante, on distinguait les voix les plus fortes et les plus enthousiastes proférant de douces paroles, telles que : Détruisons ce foyer d’infection nationale ! — Traitons-les comme des chiens ! — À bas Le Flambeau ! — À bas Vaillant et ses acolytes ! Tout-à-coup une vitre de la fenêtre de la pièce donnant sur la rue Saint-Pierre où se trouvaient Flora et Simone, auprès des deux journalistes qui surveillaient les manifestants, vola en éclats et madame Laperle, poussant un cri de douleur, s’affaissa. Elle avait été frappée, un peu au-dessus de la tempe droite, par une boule de neige durcie renfermant un morceau de charbon. On s’empressa autour d’elle, on la releva, et l’on s’aperçut que du sang coulait en abondance de sa blessure.

Dans la rue, le tumulte augmentait et les projectiles de toutes sortes pleuvaient maintenant comme grêle dans la pièce qu’on se hâta de quitter. Cependant, la digne fille du brave capitaine Marshall ne perdit pas son sang-froid ; cette foule menaçante ne l’intimidait pas plus que le nègre qu’elle avait assommé avec une pierre sous les palmiers de la Californie, pour défendre une camarade d’école. Elle chercha partout un revolver, une arme quelconque. Sur une table, elle aperçut enfin un carré de plomb, s’en empara, et avant que son mari ait pu la retenir, elle revint dans la pièce évacuée, courut à la fenêtre et lança de toutes ses forces ce bullet d’un nouveau

148