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Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/160

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le débutant

déjà à moitié vêtue, s’il consentait toujours à l’emmener, il lui répondit tout de suite :

— Viens, nous nous arrangerons comme nous pourrons.

Elle n’avait plus qu’une robe à passer. Ce fut bientôt fait. Elle choisit un costume de toile écrue, dernière nouveauté de chez Morgan, qui lui allait à ravir. Un joli chapeau, paille et tulle, de chez Hamilton, la coiffa gentiment. Puis elle mit dans une sacoche le linge et les objets de toilette indispensables à une femme élégante en voyage. Paul ayant fait transporter sa malle à la gare Bonaventure, la veille au soir, il ne leur resta plus qu’à aller prendre le train de huit heures pour Mamelmont, après avoir mangé à la hâte les restes du souper d’adieu.

En descendant du train, à la petite gare de campagne de sa paroisse natale, Paul Mirot respira avec joie l’air embaumé des prairies couvertes de trèfle. Il revit avec plaisir le père Gustin, qui s’offrit à les conduire, lui et sa compagne, chez l’oncle Batèche. Le vieux cocher avait toujours la Grise, la meilleure jument du comté. Chemin faisant, il leur raconta que Pierre Bluteau avait voulu lui donner son Black et deux cents piastres en échange de la Grise, offre qu’il refusa avec indignation. Ce nom de Pierre Bluteau, prononcé tout-à-coup devant lui, laissa Paul tout songeur. Il lui rappelait mademoiselle Georgette Jobin, l’institutrice, et la scène dont il avait été témoin à l’école.

L’idée de Simone réussit à merveille. L’oncle Batèche, en apprenant que cette jolie veuve qui sentait bon était toute disposée à faire le bonheur de son neveu, dit à ce dernier, en le tirant, à l’écart : « À ta place, je berlanderais pas. » Et la tante Zoé fut aussitôt séduite par la gentillesse de l’étrangère, qu’elle

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