sous les huées de la foule.
La campagne électorale débutait bien. Dans les
autres paroisses du comté, l’honorable Vaillant et ses
amis conservèrent l’avantage sur leurs adversaires.
Mais le jour de l’appel nominal des candidats à Saint-Innocent,
chef-lieu du comté, il se fit un revirement
d’opinion. Des professeurs du collège où Jacques et
Paul avaient fait leurs études, s’étaient, déclarés ouvertement
contre l’ancien ministre des Terres de la
Couronne, le considérant comme un ennemi de leur
maison d’éducation. De plus, la veille, qui était un
dimanche, plusieurs curés des paroisses du comté de
Bellemarie, du haut de la chaire, avaient parlé des
œuvres abominables des impies pervertissant la
vieille Europe, et prédit des malheurs incalculables
pour le Canada si les fidèles aveuglés, dédaignant les
conseils de leurs sages pasteurs, votaient en faveur
d’hommes perfides dissimulant sous de prétendues
idées de liberté et de progrès, leur haine contre l’Église
et ses institutions gardiennes de la foi et des
traditions nationales des canadien-français. Ces
hommes ne pouvaient être
que les émissaires de
puissances sataniques
rêvant d’enserrer dans
leurs griffes immondes
les descendants des héros
de la Nouvelle France, pour les plonger
dans un océan de
feu où il n’y aurait que
pleurs et grincements
de dents durant toute
l’éternité. L’allusion était
claire, personne ne