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Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/192

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le débutant

barbe décolorée, termina sa harangue en conseillant à ses auditeurs d’aller demander au Pape ce qu’il pensait de l’ancien directeur du Flambeau, ce vieillard auguste que cet homme néfaste, qui sollicitait de nouveau leurs suffrages, avait fait tant de fois pleurer.

Tout le monde trembla d’épouvante.

Lorsque Paul Mirot, répondant au boniment invariable de Boniface Sarrasin voulut, comme dans les assemblées précédentes, amuser le public au dépens du candidat des bonnes mesures, il ne rencontra que de la froideur au lieu de récolter des applaudissements. Toutes les figures demeuraient graves et inquiètes.

Les amis du candidat Sarrasin avaient réservé au docteur Montretout le côté malpropre de la discussion. Il s’acquitta consciencieusement de cette tâche. De l’honorable Vaillant, dont la vie privée était inattaquable, ne pouvant rien dire, il s’en prit à sa famille. Il parla d’abord de son fils, qui avait épousé une américaine dévergondée, une protestante sans pudeur, dont l’oncle millionnaire faisait une vie scandaleuse à New-York. Puis il fit allusion à Simone, nièce de l’ancien ministre, prétendant que de mauvais bruits couraient sur son compte, bruits auxquels n’était pas étranger le jeune journaliste, sans expérience et sans cervelle, qui combattait pour Vaillant, et qu’on venait d’entendre insulter tous les braves citoyens de Saint-Innocent, en essayant de ridiculiser l’un des leurs dans la personne de Boniface Sarrasin, le futur député du comté de Bellemarie.

Mirot, au comble de l’indignation, interrompit l’orateur en lui criant : Taisez-vous, misérable cocu !

Des partisans de Vaillant, dans la foule, répétèrent : Cocu !… Cocu !

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