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UN BAL À L’HÔTEL WINDSOR.
Le millionnaire Jack Marshall, qui était
venu passer les fêtes avec sa nièce Flora
et son neveu canadien, comme il l’avait
promis, ne voulait pas quitter la métropole de la province de Québec sans éblouir
la société montréalaise de sa munificence en même temps que de la beauté de
sa nièce. Il voulait aussi remplir magnifiquement
son devoir de galant homme en
rendant les politesses qu’il avait reçues.
Il décida donc de donner un grand bal à
l’hôtel Windsor, le quatre février, et d’y
inviter tout ce que Montréal comptait de
mondains, de mondaines et de personnages
connus, y compris les journalistes,
même Pierre Ledoux qui s’empressa de refuser l’invitation,
comme si cela eut été un piège que Satan lui
tendait.
On limita à deux mille le nombre des invitations, qui furent presque toutes acceptées. La plupart des invités ne connaissaient le millionnaire que pour avoir entendu parler de cet aventurier de la finance, célèbre sur tout le continent américain et même en Europe, par ses audacieux coups de bourse. On s’attendait à une éblouissante fête dans le magnifique et spacieux hôtel du square Dominion. Le bruit courait que ce riche étranger avait résolu de dépenser vingt-cinq mille dollars pour faire de ce bal quelque chose de féerique et dont on parlerait longtemps. Durant