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le débutant

— Parce qu’on dirait que je fais cause commune avec les sans foi, les renégats de notre race, et que sais-je encore ? Il est vrai que cela m’est bien indifférent.

— Que vous êtes brave et charmante. Parole d’honneur ! je vous adore.

— Si vous continuez vos flatteries, je vais me fâcher.

— J’en serais désolé.

— Voici l’entre-acte. Je vous punis, je vous chasse cinq minutes… et je garde votre ami, pour le récompenser d’avoir été bien sage.

— Je m’incline, madame, devant votre arrêt, sévère mais juste. Afin de rentrer le plus tôt possible dans vos bonnes grâces, je vais aller voir un peu où se trouve en ce moment ce cher député. Je l’ai vu sortir tantôt, et il n’est pas revenu. Cela m’inquiète. Si, par hasard cet homme gras, vient vous importuner en mon absence, Mirot le réduira en atomes sur un signe de votre gracieuse majesté.

Après le départ de Jacques, la jolie veuve et le jeune reporter au Populiste restèrent un moment silencieux. Paul Mirot avait trop de joie dans le cœur, il ne savait que dire. Ce fut elle qui parla la première :

— Vous êtes journaliste, monsieur ?

— Oui, madame.

— Au Populiste ?

— Oui, madame.

— Et vous aimez votre métier ?

— Oh ! ce n’est pas ce que j’avais rêvé… Quand j’ai quitté Mamelmont, il y a quelques mois, pour venir à Montréal, j’étais comme tous ceux que les luttes de la vie n’ont pas encore formés : je croyais la tâche facile, le succès immédiat… Et j’étais libre, là-

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