Page:Bethléem - Romans à lire et romans à proscrire, 7e éd.djvu/100

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Il n’y a pas de Dieu, il n’y a pas de morale ; rien n’existe de ce qu’on nous a enseigné à respecter ; il y a une vie qui passe, à laquelle il est logique de demander le plus de jouissance possible… J’ai pour règle de conduite de faire toujours ce qui me plaît, en dépit de toute moralité, de toute convention sociale. Je ne crois à rien ni à personne ; je n’aime personne ni rien ; je n’ai ni foi, ni espérance… » (Aziyadé).

Voilà la dogmatique de Loti : il ne croit à rien sinon peut-être aux philosophes indous : « Sur les mystères de la vie et de la mort, dit-il, les sages de Bénarès détiennent les réponses qui satisfont le mieux à l’interrogation ardente de la raison humaine. » (L’Inde sans les Anglais).

La mort, c’est l’anéantissement (voir Le livre de la pitié et de la mort, etc.) ; tout s’écroule autour de nous, il faut donc jouir le plus possible ; la débauche est d’ailleurs efficace ; tous nos efforts sont inutiles contre la nécessité cruelle de l’amour. Voilà la morale de Loti, et ses héros ne se font pas faute de la mettre en pratique.

Nous savons bien qu’en dehors de ces doctrines éminemment subversives, Pierre Loti a écrit des pages magnifiques, exquises, émues, sur le dévouement, l’abnégation, le devoir, la foi… Il n’en reste pas moins, dans l’ensemble de sa littérature, immoral et irréligieux. La trilogie : Le désert, Jérusalem, Galilée : Le roman d’un spahi ; Ramuntcho, sont à ce dernier point très significatifs.

Et ses livres réputés honnêtes, oserons-nous les recommander à tous ?

Ils ne sont pas positivement impudiques, mais… Voici ce qu’écrivait M. Victor Giraud dans la Revue des Deux-Mondes, le 1er juin 1907, à propos de Pécheur d’Islande : « Je ne sache pas de livre qui prêche plus fortement et plus subtilement tout ensemble la vanité de toute action, le néant de tout effort et l’universel