Des hommes enfin qui, par état, sont tenus d’être renseignés et sont souvent appelés à donner une décision ou un avis sur les livres dont on parle, se sont posé cette double question : Que valent tous ces auteurs ? Quels sont, parmi leurs ouvrages, ceux qu’on peut lire et ceux qu’on ne doit pas lire ?
Nous ne nous dissimulons pas qu’une telle entreprise présente de graves et multiples difficultés ; nous sommes même persuadé que la publication de cet essai donnera lieu à de nombreuses critiques.
« Comment donc ! s’exclameront des lettrés respectueux à l’excès des privilèges souverains et inaliénables de la littérature, vous proscrivez des romans ! Il n’y a pas de romans à proscrire ! Ces écrivains dont vous faites des malfaiteurs sont la gloire de notre pays ! Leurs ouvrages sont des chefs-d’œuvres de style, de psychologie, d’observation, de construction dramatique, etc. Et vous les proscrivez ! n’est-ce pas pousser la sévérité jusqu’à l’injustice et la barbarie ? Un pareil ostracisme n’est-il pas un outrage à l’esprit humain ? »
Assurément, ce langage n’est pas pour nous surprendre ; tous ceux qui ont affiché la prétention — et ils sont légion — d’émanciper l’art, la politique, l’économie sociale, le mariage, etc.,