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Page:Bever-Léautaud - Poètes d’aujourd’hui, I, 1918.djvu/33

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HENRY BATAILLE

Dis-moi donc pourquoi tout ce grand souci ?
Le cœur de l’enfant est-il donc un cœur
Plus lourd que celui qui saute en l’oiseau,
Dans le rosier ?
La la hu lalla, dodo, petit, do,
Entre la pente gazonnée et la prairie
Il y a de quoi, tu sais bien,
Aller s’endormir dans le romarin,
Dans le romarin qui sent bon la pluie.
Pour aller rejoindre, en bas, sous la terre,
La fraîcheur de l’eau qui court en plein bois
Et ne savoir plus ce qu’est la lumière,
Il y a de quoi.

C’est non loin de ma métairie,
D’où s’en vient l’odeur des doux colombiers,
Que se calmera cet enfant qui crie,
Sais-tu ce qu’il faut ? il faut l’emporter.
La la hu lalla !
Du côté de Moux et de Pexiora…
Sais-tu ce qu’il faut pour mettre à couvert
Le plus bel amour qui soit sur la terre ?…
Pas plus qu’il n’en faut pour un arbre vert !
 
Sais-tu ce qu’il faut pour mettre à l’abri
Tout l’amour du ciel et de mon royaume,
Le plus grand chagrin, le plus grand souci,
Et la belle histoire que j’ai dite aux hommes
Que porta le monde sur son vieux dos gris ?…
Un petit arbre solitaire.
Très terre à terre,
Droit ou pointu.
Avec une pie dessus,
La la hu !…
Avec une pie dessus !

{Le Beau Voyage. Fasquelle.)