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Page:Bias - Dire et Faire.djvu/198

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XVII

Madame de Villers était si vivement impressionnée qu’elle ne put dire un mot en serrant la main de Noémi ; cette dernière vit avec effroi à la contenance de Charles, à la pâleur de Juliette, qu’elle arrivait trop tard.

— Eh ! bien ? demanda-t-elle tout bas à sa belle-sœur.

— Je pars. Il dispose de moi… il me renvoie !…

— Laisse-moi seule avec lui, Juliette ; et reviens tout à l’heure, je t’en prie.

— Oh ! oui, je reviendrai… bientôt. Il faut qu’il sache tout ce que je lui dois de haine.

Elle s’éloigna. Noémi vint lentement s’appuyer sur le dossier du fauteuil qu’occupait son frère.

— Charles, dit-elle doucement.

Il lui sembla qu’un soupir lui avait répondu ; elle s’agenouilla, et d’un accent plein de prière :

— Charles, reprit-elle, tu ne peux plus m’aimer…

En même temps, elle tirait à elle les mains du jeune homme qui tressaillit en l’apercevant plus belle que jamais, suppliante, éplorée, repentante, puisqu’elle venait à lui ; son affection, augmentée tout à coup de toute la force de son désespoir, rouvrit son cœur à la sensibilité ; il pleura. Noémi attendit en silence le calme que devait ramener les larmes.

— Mon frère, dit-elle, alors, tu souffres !…

— Oh ! oui, je souffre ! s’écria Charles en s’abandon-