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Page:Bias - Les Faux Monnayeurs.djvu/28

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III

où deux faux monnayeurs ne procèdent pas de la même façon.

Anatole Radèze, qui avait si vivement réclamé un asile chez son frère, était descendu tant bien que mal dans la cave protectrice l’avait jeté Félix, Après avoir tâtonné dans les ténèbres avec toutes les précautions qu’exigeait sa position critique, sa main heurta un corps dur, et si léger que fut le bruit du choc, il en resta un moment immobile de terreur. Puis, le courage lui revenant peu à peu, il chercha des deux mains. Quelle surprise ! le corps dur n’était autre chose que le bras d’un excellent fauteuil, où notre jeune fugitif s’installa avec une satisfaction facile à concevoir, après les émotions et la fatigue d’une course comme celle qu’il venait de fournir.

Bientôt, le bruit des meubles déplacés, les pas pesants les hommes qui circulaient près de l’ouverture de la trappe le mirent à la torture, assez pour qu’il ne songcât plus à s’étonner de la rencontre d’un bon siége au bas d’un escalier de cave.

Il commençait pourtant à reprendre confiance, quand le parquet grinça dans ses charnières d’une façon assez inquiétante, pour qu’il se précipitat dans les ténèbres inconnues du souterrain, au risque de se casser le cou. Mais, la voix de son frère vint aussitôt le rassurer, tout en l’inquiétant sur l’interrogatoire qu’il allait avoir à subir.

Le brocanteur fit jaillir d’un briquet une étincelle, et alluma, non plus une chandelle de suif jaune, mais une bougie transparente dont la lueur faible et vacillante encore, éclairait dans sa main un élégant bougcoir de cuivre ciselé.

Anatole, qui craignait la sévérité de son frère, le regarda en hésitant ; le brocanteur souriait et lui tendait les bras.

— Oh ! s’écria le fugitif, pourras-tu jamais me pardonner ?

Il se jeta sur le sein de Félix, qui le reçut comme une mère faible reçoit un enfant coupable.

— Pauvre frère, dit-il, comme te voilà pâle et tremblant ! Tu as donc eu grand’peur.