Page:Bibaud - Deux pages de l'histoire d'Amérique, 1857.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 25 —

la troisième par la peine du fouet. Mais pendant un siècle et demi que dura cette république, on ne trouve que de rares exemples d’indiens qui aient mérité ce dernier châtiment. Ainsi les Jésuites portèrent au Paraguay un code pénal humain dès le dix-septième siècle, tandis que les lois pénales de l’Europe ne se sont humanisées qu’au dix-neuvième.

Les paresseux étaient condamnés à labourer une partie du champ public ; ainsi, une sage économie avait fait tourner les défauts mêmes de ces hommes innocens au profit de la prospérité publique.

La république n’était point absolument agricole, ni tout à fait tournée à la guerre, ni entièrement privée des lettres : elle avait un peu de tout. Elle n’était ni morose, comme Lacédémone, ni frivole comme Athènes : le citoyen était ni accablé par le travail, ni gâté par le plaisir. Les Jésuites, en bornant la foule aux premières nécessités de la vie, savaient distinguer dans le troupeau les enfans que la nature avait marqués pour de plus hautes destinées. Ils avaient, comme le conseille Platon, mis à part ceux qui annonçaient du génie, afin de les initier dans les sciences et les lettres. Ils étaient soumis à toute la rigidité de la retraite et des études des disciples de Pythagore. C’était de cette troupe d’élite que devaient sortir les héros, les magistrats, et les lévites de