Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/389

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venu qu’il n’était pas prudent de parler trop ou trop haut, dans le Haut-Canada ; aussi eût-il soin de ne faire rouler son discours que sur des lieux communs ; l’émigration, les écoles, les bureaux de poste, les travaux publics, &c. : excepté, pourtant que, par mégarde ou inadvertance, il lui arriva de mêler le doute à l’éloge, dans le paragraphe suivant :

« En vous recommandant de diriger immédiatement votre attention sérieuse aux affaires qui sont étroitement liées au bien-être de la colonie, je dois remarquer qu’il ne pourrait y avoir de preuves plus certaines de votre vigilance et de votre jugement, que, le bonheur et le contentement des fidèles sujets canadiens de sa Majesté, et je suis convaincu que si vous avez exclusivement en vue le bien public, dans l’exercice de vos importantes fonctions, vous parviendrez à ce but », &c.

En rédigeant sa réponse pourtant, la chambre d’assemblée du Haut-Canada fut plus occupée du soin d’imiter la nôtre, et du désir de la surpasser, que de la conjonction dubitative de la harangue du lieutenant-gouverneur, et elle dit à son Excellence :

« Comptant sur la franchise de votre Excellence, et sur votre disposition à nous reconnaître comme les conseillers constitutionnels de la couronne, nous prions votre Excellence de ne pas adopter la politique pernicieuse suivie jusqu’à présent par l’administration provinciale ; et quoique nous voyions aujourd’hui votre Excellence entourrée des conseillers qui ont si profondément blessé les sentimens du pays, et nui à ses intérêts ; néanmoins en attendant les changemens nécessaires, nous espérons fermement que sous l’administration de votre Excellence, la justice s’élèvera au-dessus du soupçon ; que les vœux et les intérêts du peuple seront respectés, comme il convient ; que les droits constitutionnels et l’indépendance de