Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/388

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Le journalisme avait perdu, dans le Bas-Canada, comme nous l’avons déjà remarqué, soit la volonté, soit le prétexte, ou le moyen d’être aussi violent, aussi provocateur, aussi agitateur qu’il l’avait été, depuis le printems de 1827, jusqu’à l’automne de 1828 : il fut plus persévérant dans le Haut-Canada. Acquitté par un jury indulgent, malgré la sévère mercuriale du président de la cour, le sieur Collins, dont il nous faut parler encore une fois, loin de devenir plus réservé, fut enhardi par son triomphe, et crut pouvoir vilipender le procureur-général aussi impunément qu’il avait fait le lieutenant-gouverneur : il lança contre M. Robinson un libelle qui lui attira, par représailles, un acte d’accusation. Appellé devant un tribunal, où M. Gourlay aurait probablement porté la colère ou l’indignation, le sieur Collins y porta l’effronterie et la dérision. Il avait parlé, dans son libelle, de la malignité innée du procureur-général, et il offrit à la cour de prouver, par le témoignage de M. Bidwell et de M. Randolf, que M. Robinson était réellement malin, méchant et pervers. La cour ne lui permit pas de faire cette preuve-là, et ce fut en conséquence de ce déni de justice que le sieur Collins, qui avait si hardiment soutenu les vrais intérêts de la colonie, suivant son confrère McKenzie, fut condamné à un châtiment sévère[1].

Sir John Colborne ouvrit son parlement, à la mi-janvier. Son prédécesseur l’avait probablement pré-

  1. Si, au lieu de vouloir soutenir « les vrais intérêts du Haut-Canada », hardiment, c’est-à-dire audacieusement, et en injuriant toutes les autorités, le sieur Collins les eût soutenus philosophiquement, politiquement, modérément du moins, il ne se serait pas attiré une punition grave, et probablement disproportionnée à son délit : une amende de £50, 12 mois de prison, un cautionnement de £800, pour bonne conduite, &c*.

    *« Il faut un exemple », dit-on quelquefois ; nous sommes d’avis que personne ne doit être puni, pour l’exemple d’autrui, plus sévèrement qu’il ne le mérite.