Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/10

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circonstances fâcheuses, pour accroître le malaise de la population canadienne : quatre-vingt millions de livres tournois des sommes dépensées pendant les dernières années de la domination française, se trouvaient dus, lors de la signature du traité de paix, tant en lettres de change qu’en ordonnances. Dans cette dette de quatre-vingt millions, les Canadiens étaient porteurs de sept millions de lettres de change et de trente-quatre millions d’ordonnances. Le gouvernement de France réduisit les lettres de change à la moitié, et les ordonnances au quart de leur valeur : les unes et les autres furent payées en contrats à quatre pour cent, et il fallut que le papier des Canadiens suivît la loi commune. Il est vrai que la Grande-Bretagne, dont ils étaient devenus sujets, leur obtint un dédommagement, de trois millions en contrats, et de six cent mille livres en argent : de sorte, dit Raynal, qu’ils reçurent cinquante-cinq pour cent de leurs lettres de change, et trente-quatre pour cent de leurs ordonnances.

« On était remonté, dit encore Raynal, à l’origine de cette dette impure ; quelques uns des prévaricateurs[1] avaient été flétris, bannis, dépouillés d’une partie de leurs brigandages, d’autres furent seulement admonestés ; le plus grand nombre furent contumaces.[2] »

Le général Gage ayant été appellé à New-York, pour y remplacer Sir Jeffrey Amherst, qui se rendait en

  1. Bigot, Varin, Cadet, Penisseault, Breard, Maurin, Corpron, Martel, Estebe.
  2. . « L’opinion publique était trop indignée de la perte du Canada pour que tous les fonctionnaires échappassent aux poursuites judiciaires : une vingtaine furent renfermés à la Bastille ; un plus grand nombre furent contumaces. Les mémoires et enquêtes de cette affaire forment plusieurs volumes in 4o. » — M. Isidore Lebrun.

    Pierre Rigaud, marquis de Vaudreuil, (ci-devant gouverneur), Charles Deschamps de Boishebert, François Lemercier, et quelques autres, furent « déchargés de l’accusation. »